Proposé au tournant des années 2000 par le prix Nobel de chimie Paul Crutzen, l’anthropocène désigne une nouvelle époque géologique, encore informelle, faisant suite à l’holocène. Elle suppose que l’humanité est devenue un agent perturbant l’équilibre du «système Terre». Cette proposition, controversée, soulève néanmoins la question centrale des interactions entre les milieux humains et naturels et fait apparaître l’interdépendance des conséquences de ce maillage (Morton, 2019). L’anthropocène révèle l’imbrication des tensions, des inerties socio-techniques et surtout des irréversibilités écologiques. Autant de dimensions qui conditionnent la capacité du politique à produire une réponse ajustée à ces contraintes écologiques, conciliable qui plus est avec les enjeux de justice sociale (Martinez Alier, 2014). Le cours se propose d’interroger quelques effets de l’anthropisation de la planète terre. Il sera présenté un rapide rappel sur les convergences et le cumul des crises écologiques et sociales, issues du productivisme, de l’extractivisme et de l’industrialisme des deux derniers siècles. Il présentera ensuite une lecture de l’anthropocène qui insiste sur l’intangibilité des limites de la planète, qu’il convient de ne pas dépasser sous peine de basculement. Il sera alors l’occasion de présenter quelques pistes de réponses pour imaginer une réponse politique à cette situation afin de rematérialiser les perspectives d’action. Celles-ci permettront de contribuer à un renouvellement de la théorie démocratique et de l’égalité à partir du constat de la finitude.